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Où vont les médicaments périmés ?

Les trois quarts des Québécois savent qu'il faut rapporter les médicaments périmés à la pharmacie. Chaque semaine, notre journaliste répond aux questions scientifiques de lecteurs. Comment les pharmaciens se débarrassent-ils des médicaments périmés ? Yves Dugré Ils sont envoyés à des incinérateurs pour déchets dangereux, répond Alain Renard, responsable québécois de l'Association pour la récupération de produits santé (ARPS), financée par des sociétés pharmaceutiques. Ce programme a été lancé seulement l'an dernier au Québec, alors qu'il existe depuis 2007 en Colombie-Britannique et depuis 2013 en Ontario. Malgré tout, 74 % des Québécois savent qu'il faut rapporter à la pharmacie les médicaments périmés, plutôt que les jeter aux ordures ou dans la toilette. Cette proportion est de 59 % en Ontario. « Il y a un problème plus grand avec les inhalateurs, les médicaments sans ordonnance et les produits naturels, souligne M. Renard. Moins de gens les ramènent à la pharmacie quand ils sont périmés. » Par contre, bonne nouvelle, les plus grands utilisateurs de médicaments, les personnes âgées, sont davantage au courant de la bonne manière de se débarrasser des médicaments. Avant l'implantation de l'ARPS au Québec, les médicaments retournés par les clients étaient détruits de manière sûre par les pharmacies ou par les regroupements de pharmaciens avec leurs autres déchets médicaux, comme les médicaments périmés non vendus et les résidus de préparations, explique Hugues Mousseau, directeur général de l'Association des bannières et des chaînes de pharmacies du Québec (ABCPQ). Il y avait déjà un réseau de collecte de médicaments dans les cliniques vétérinaires, dit M. Renard. Les codes d'éthique de l'Ordre des pharmaciens et de l'Ordre des médecins vétérinaires indiquent qu'ils doivent accepter les retours des consommateurs, note-t-il. Le nouveau programme de l'ARPS inclut la collecte de seringues et d'objets médicaux coupants. L'ARPS finance le réseau de collecte de médicaments périmés et conclut des contrats avec les firmes d'élimination de déchets biomédicaux. La prochaine étape est d'améliorer la destruction des médicaments, par exemple en récupérant la chaleur de l'incinération, indique Alain Renard. Les efforts de sensibilisation du public au retour des médicaments périmés en pharmacie sont aussi en évolution. Selon un rapport de 2014 de l'Institut national de santé publique (INSPQ), 43 % des Québécois avaient alors chez eux des médicaments périmés, que 16 % ont jetés à la poubelle et 2 %, dans la toilette. Traitement Il faut réduire la quantité de médicaments qui se retrouvent dans les ordures ou dans les eaux usées parce que leur élimination de l'environnement est difficile. « Les méthodes traditionnelles de traitement des eaux, la coagulation, la décantation et la filtration, ne fonctionnent pas très bien pour éliminer les produits pharmaceutiques », dit Mathieu Lapointe, ingénieur civil à l'École de technologie supérieure. Pour bien éliminer les médicaments des eaux usées, il faut utiliser l'ozonation, une technologie coûteuse qui est en voie d'être intégrée au traitement de l'eau à Montréal. Mais cela ne fonctionne pas bien pour tous les médicaments, selon M. Lapointe. Par exemple, l'ibuprofène (Advil) semble résister à l'ozonation. Les médicaments qui se retrouvent dans l'environnement peuvent nuire à la faune. Par exemple, une étude ontarienne parue en 2017 dans la revue Scientific Reports concluait que les poissons exposés à des antidépresseurs étaient plus agressifs et se protégeaient moins de leurs prédateurs. Vous avez une question scientifique ? Écrivez-nous